La plus célèbre bière belge dénommée « Orval » suscite depuis qu’elle existe un débat passionné : Faut-il dire « un Orval » ou « une Orval » ?
On dit UN Orval parce que qu’on ne peut boire dignement ce merveilleux breuvage que dans un VERRE approprié. Donc on commande UN verre d’Orval. Ou deux.
Puis, par contraction et pour rappeler que boire de l’Orval à la bouteille est aussi grave que d’avoir voté Trump (pas la bière), on dit UN (verre d’) ORVAL.
Dire UNE Orval, c’est parler de la bouteille ou de la bière elle-même.
Dire UN Orval, c’est presque déjà l’avoir en bouche.
L’Académie française sommée de trancher rapidement la question « un Orval » ou « une Orval »
Aucune instance belge n’a jamais réussi à trancher le problème. Même l’Académie royale de Belgique a renoncé à se prononcer.
C’est que le débat est passionné. Si certains soutiennent qu’il faut dire « une Orval », une bière étant féminin, la tradition gaumaise (région où elle fut créée en 1932) veut que l’on dise « un Orval », un des arguments étant qu’à l’origine, l’appellation « Orval », ce serait « Val d’or » en verlant.
Le Dictionnaire des belgicismes, édition 2010, résume qu’« Orval est féminin dans la majeure partie de la Belgique francophone, mais est un nom masculin dans sa région de production. »
Mais voilà. En raison du succès croissant de cette bière à l’étranger, ajoutée à sa rareté (sa production est volontairement limitée) et au fait que le débat coupe désormais la Belgique en deux (100 000 internautes se sont récemment affrontés sur le site d’un quotidien), les « immortels » de l’Académie française ne peuvent plus esquiver.
Ils sont moralement sommés de prendre position et vont devoir trancher la question, sous peine de voir pâlir leur aura et leur autorité. Et cela tombe bien vu qu’ils sont actuellement arrivés à la lettre « O », dans leur révision permanente de la langue française.
Il a donc été officiellement décidé qu’une commission composée de six académiciens (le Belge François Weyergans, Max Gallo, Michel Serres, Eric Orsenna, Jean d’Ormesson, et René de Obaldia) effectuera plusieurs mois de travaux préparatoires.
Outre diverses dégustations sous la coupole à Paris, une session de travail est aussi prévue en Gaume, avec séjour à l’abbaye, afin que les éminences puissent s’imprégner des usages et de la culture locale.
On fixera ensuite le calendrier des débats impliquant cette fois les quarante « immortels ». L’Académie siège tous les jeudis après-midi et à huis-clos. On sait déjà qu’un minimum de 20 séances sera nécessaire pour la seule question du genre de l’Orval.
On espère donc une décision rapide. En attendant, on continuera à contourner le problème « un Orval » ou « une Orval » en demandant « deux Orval » !